MANU [STRO]

Passionné de triathlon depuis une douzaine d’années, ce papa de 52 ans s'est tourné depuis cinq ans vers les distances XL, plus communément appelées IRON MAN. Son objectif est de participer au NORSEMAN en Norvège, mais il n'a jamais été tiré au sort malgré ses huit tentatives. C'est pourquoi il se lance un nouveau défi aussi fameux : le CELTMAN en Écosse le 17 juin prochain. C’est une épreuve très difficile qui consiste à nager 3,8 km dans un Loch à 12°C infesté de méduses, faire 200 km de vélo avec 2200 m de dénivelé et courir un marathon en affrontant deux sommets des Highlands. Il possède une motivation sans faille, le soutien de sa famille et un coach qui le pousse à se dépasser.
Ses objectifs ? Revenir avec le fameux maillot bleu, cumuler des points pour participer au Norseman, terminer dans les cinquante premiers et avant tout prendre "un immense kiff".

CELTMAN
ÉCOSSE

17 juin 2023

Natation : 348km • Cyclisme : 200km • Course : 42km

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RÉCIT DU CELTMAN : UNE COURSE ÉPROUVANTE  #1

Il y a exactement une semaine, un triathlète s'est engagé dans le défi CELTMAN, situé dans le nord de l'Écosse, avec les soutiens de Monia et Nathalie. Jamais il ne s'était autant préparé pour un "Iron" (3,4 km de natation, 200 km de vélo et 42 km de course à pied), dans l'objectif de décrocher le précieux t-shirt bleu de finisseur en terminant la course dans les délais impartis.

Durant six mois, il a consacré des heures et parcouru de nombreux kilomètres d'entraînement afin d'être prêt pour ce jour fatidique. Malheureusement, dix jours avant la compétition, il a été frappé successivement par une gastro-entérite puis une bronchite, le forçant à réduire son entraînement et à se reposer complètement pendant cinq jours.

Arrivé à Torridon, il a effectué une courte reconnaissance à vélo, s'attendant à avoir de l'énergie et des jambes en feu. Cependant, il a ressenti une étrange sensation de fatigue dès le début de son parcours.

La partie natation a été à la hauteur de sa réputation, avec une température de l'eau à 14°C (relativement chaude pour la région) et des méduses l'accompagnant tout au long des 3400 mètres. Malgré tout, il a eu de bonnes sensations dans l'eau et en est sorti sans avoir trop puisé dans ses réserves d'énergie.

À la sortie de l'eau, Monia était présente pour l'aider à se changer et passer au vélo, le tout accompagné d'un groupe de cornemuses qui a créé une ambiance à la manière de "Braveheart". Cependant, dès les premiers tours de roue, il a senti que quelque chose n'allait pas. Ses jambes étaient épuisées dès le départ, rendant les 200 km de vélo particulièrement difficiles. Incapable de trouver son rythme et sa position sur le vélo, il se faisait dépasser par les concurrents les uns après les autres, se sentant impuissant et collé à la route.

Heureusement, ses accompagnatrices étaient présentes pour le ravitailler tout au long du parcours grâce à leur fourgon, agissant comme les moteurs qui lui manquaient dans les jambes. Sans elles, il n'aurait pas pu aller aussi loin. Il a effectué de nombreux arrêts pour se ravitailler, se sentant comme Paddington avec sa marmelade, mais en moins agréable...

Sur les deux tiers du parcours, il a dû affronter un vent de face, mais les 40 derniers kilomètres avec le vent dans le dos lui ont redonné confiance, malgré des pics de fièvre traversant son corps et des articulations douloureuses.

Malgré tout, il mesurait sa chance d'être là, de vivre cette course dans des paysages grandioses qui lui rappelaient par moments la Patagonie. Après 8 heures et 45 minutes de vélo, le t-shirt bleu de finisseur est devenu hors de portée.

La transition s'est déroulée dans une ferme, où il a posé son vélo dans l'herbe à côté d'un poulailler, dans une atmosphère rustique. Une fois de plus, ses soutiens étaient là pour l'aider à se changer, à enfiler ses chaussures, mais il lui restait un peu plus de deux heures pour parcourir les 18 premiers kilomètres et atteindre la deuxième transition afin de terminer le marathon et espérer obtenir le t-shirt blanc.

Les premiers kilomètres, entièrement en trail avec des sentiers étroits et amusants, lui ont permis de doubler deux concurrents. Cependant, il avait des difficultés à s'alimenter en solide depuis quelques heures, se contentant de petites gorgées d'eau. Soudain, au sommet d'une montée ardue, son énergie s'est épuisée subitement, l'empêchant même de courir dans la descente, pourtant son point fort.

À chaque tentative de relancer ses jambes pour trottiner, il manquait de tomber. Il n'avait jamais ressenti une telle sensation d'épuisement et de vide énergétique. Il a fini par marcher et a rencontré Monia et Nathalie qui se dirigeaient vers lui. Ensemble, ils ont rejoint la deuxième transition après 18 kilomètres, où le verdict est tombé : hors délais, il n'était pas autorisé à terminer la course.

Il a arrêté sa montre Garmin, s'est assis et les émotions ont afflué, il a pleuré. Il a immédiatement pensé à son coach et ami Ludo, qui serait sans doute déçu, ainsi qu'à sa famille pour qu'ils puissent être fiers de lui, et à tous les amis qui l'ont suivi pendant la course. Le résultat n'était pas à la hauteur de tous les efforts fournis, une déception qui le pousse à remettre en question sa pratique du triathlon.

Le lendemain, il s'est rendu à la cérémonie des t-shirts et s'est vu remettre le t-shirt blanc en guise de maigre consolation. Il se sentait illégitime de le porter. Le mardi matin, il a consulté un médecin qui a diagnostiqué une infection urinaire (il avait éprouvé des difficultés à uriner depuis deux jours). Il s'agissait de la même bactérie qui avait atteint ses intestins, puis ses poumons, et enfin ses reins.

Cela ne pouvait pas le consoler, mais seulement constater que même après des mois de préparation, il faut être à 100% le jour J et savoir écouter son corps lorsqu'il envoie des signaux d'alerte. C'était simplement malchanceux d'attraper ce virus juste avant la course.

Malgré tout, il a pris du plaisir (grâce à son optimisme) et le CELTMAN lui a procuré une grande satisfaction. Il le recommande à tous ceux qui voient le triathlon comme une aventure et qui cherchent à se dépasser.

Il tient à remercier chaleureusement Monia, sa moitié, pour l'avoir soutenu de toutes les manières possibles pendant sa préparation et pour avoir toujours cru en lui. Il remercie également Nathalie, qui les a accompagnés tout au long de cette aventure, sa bonne humeur et sa bienveillance ayant été d'un soutien inestimable.

Il exprime sa gratitude infinie à Ludo, qui a accepté de relever ce défi avec lui, lui permettant de progresser et de repousser ses limites. Il ne pourra jamais assez le remercier.

À ses filles, sa famille, ses amis (surtout ceux qui lui ont prêté du matériel) et ses collègues, il dit merci pour leurs encouragements. Ces moments lui ont permis de réaliser qui compte vraiment pour lui.

Recommencer ? Certainement. Il ressent un sentiment d'inachevé, mais surtout une volonté de revanche qui grandit en lui...

Coubertin a dit : "Le sport va chercher la peur pour la dominer, la fatigue pour en triompher, la difficulté pour la vaincre." Eh bien, Coubertin ne savait pas à qui il s'adressait...

Merci de l'avoir lu jusqu'au bout. Il a pris du temps pour rédiger ce compte-rendu, mais il lui a fallu quelques jours pour digérer tout cela. On remet ça bientôt.